"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



dimanche 11 août 2013

R.I.P KAREN BLACK

"COMME UNE COQUETTERIE DANS L’ŒIL... " 

Par Valentine Deluxe

Karen Black
1939-2013

N'ayant point l'ambition d'avoir l'exhaustivité des colonnes  nécrologiques du New-York Times, cette modeste rubrique n'a été inaugurée que pour saluer la disparition de personnalités qui, pour des raisons artistiques, personnelles ou culinaires (... non, pas culinaires...) ont compté pour les auteures de notre auguste blog.
Et s'il est bien quelqu'un ici qui représente un jalon incontournable, une date, un symbole dans le parcours de petite cinéphage en culottes courtes de Valentine Deluxe, c'est évidemment la magnifique et inégalable Karen Black, qui, vous n'êtes pas sans le savoir, vient d'avoir la funeste étourderie de nous quitter, ce 8 aout dernier.

Je ne vous referai pas le coup de vous raconter ma première rencontre avec Miss Black ; elle fut le sujet de mon premier article sur ces pages.
Et puis surtout, dès que je m'embarque sur le sujet, je vois tout de suite BBJane Hudson lever les yeux au ciel, en pensant "La voilà repartie !..." -- ce qui nous donne un truc un peu dans ce style là :




Mais bon, égarée par la douleur, vous me passerez volontiers cette petite faiblesse, et vous laisserez donc mener une fois de plus vers ce samedi soir de 1976 ou une petite Valentine Deluxe de 4 ans et quelques, découvrait émerveillée le strabisme charmant de la belle Karen, illuminant ce qui est resté depuis, pour  l'auteure de ces lignes, le rosebud absolu de mon imaginaire cinéphagique ; l'extraordinaire (1) 747 EN PÉRIL (AIRPORT '75)

"Everything is under control !"
Pas de panique, Karen à la situation (et les commandes du 747) bien en mains...


J'aurais pu vous parler de son incroyable palmarès, qui de film en film, de chefs-d’œuvre ("Five Easy Pieces" de Bob Rafelson, où elle se fera larguer comme une vieille chaussette par Jack Nicholson à une pompe à essence, ou l’extraordinaire " Le Jour du fléau" de Schlesinger, parmi beaucoup d'autres) en navets jouissifs ("L'invasion des piranhas", "L'Invasion vient de Mars", "Island of the alive",  pour ne citer qu'eux), m'a donné assez de raisons valables pour lui faire ériger une statue format "Ile de Pâque" ou "Liberty"... Mais je vais rester concentrée sur ce premier coup de foudre aérien.

 La trilogie de l'infamie ? 
Peut être, mais dieu que c'est bon !

 Et dans ce qui reste à mes yeux  le film le plus important de toute l’histoire du cinéma (2), Karen Black, dès sa première scène, va nous donner de suite le ton, la note des personnages qu'elle assumera tout au long de sa riche et illustre carrière.
Quelles que soient les avanies auxquelles elle se verra confrontée -- et ici, l'avanie en question n'est rien moins qu'un Charlton Heston tout en suintements et muflerie, arborant pour l'occasion le même costume que Thierry Lhermitte dans "Le Père noël est une ordure"! --, jamais elle ne sourcille, jamais elle n'a l'air surprise, jamais elle ne trahit la moindre émotion (ou peu sans faut) !

 On dira ce qu'on veut : 
y a comme un air de famille, non ?


Et surtout, c'est primordial, elle nous enseigne de nous cramponner à cette devise frappée au coin du bon sens (qui fut celle de Don Lockwood/Gene Kelly avant elle, dans "Chantons sous la pluie"), et à laquelle je souscris des deux mains :


"Dignity, ALWAYS dignity!" 




(1) Opinion hautement subjective n’engageant que l'auteure de ces lignes
(2) Voir point 1

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