"J'admets que le Camp est terriblement difficile à définir. Il faut le méditer et le ressentir intuitivement, comme le Tao de Lao-Tseu. Quand vous y serez parvenu, vous aurez envie d'employer ce mot chaque fois que vous discuterez d'esthétique ou de philosophie, ou de presque tout. Je n'arrive pas à comprendre comment les critiques réussissent à s'en passer."


Christopher ISHERWOOD, The World in the Evening

"Le Camp, c'est la pose effrénée, l'affectation érigée en système, la dérision par l'outrance, l'exhibitionnisme exacerbé, la primauté du second degré, la sublimation par le grotesque, le kitsch dépassant le domaine esthétique pour intégrer la sphère comportementale."

Peter FRENCH, Beauty is the Beast



samedi 25 mai 2013

"Ton manège à toi, c'est... MOI!"


SPÉCIAL FÊTE DES MÈRES / French Camp
par Valentine Deluxe


Est-il encore une fois besoin de le rappeler ?… Les filles sont un fléau qui use et ronge les très saintes femmes ayant eu l’étourderie de pondre ces petites infections.
Joan Crawford et  Bette Davis, pour une fois, pourront se mettre d’accord sur cette sentence lapidaire, elles qui ont nourri pendant trop longtemps, à leurs seins lourds de trop d’amour (et gonflés de Pepsi-Cola pour la  première), d’infâmes petites vipères ingrates.

Pour une fois, elles seront d'accord...

Mais nous allons voir que de ce côté-ci de la mare aux harengs, dans des contrées moins flamboyantes et glamoureuses que le vieil et bel Hollywood, nous pouvons également vérifier cet adage sans appel.
Car si « labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France », déception et frustration sont celles des mères-courage qui n’ont pas su se débarrasser, sur les marches d’une église ou le bord d’une autoroute -- voire d’un bon coup d’aiguille à tricoter dans la fontanelle -- de leur vilaine progéniture.

Intéressons-nous donc maintenant aux soucis que doit endurer notre Mater Dolorosa du jour.
Jusqu’ici, tout allait pour le mieux, cette brave dame ayant plutôt bien réussi une éducation que la méduse qui lui sert de fille avait suivie à la lettre.
Ce respect scrupuleux des recommandations  maternelles, a permis à la fille bientôt indigne, de parvenir à se frayer une place douillette, sinon au soleil, du moins en climat tempéré.
Pour ce faire, les commandements et conseils judicieux de sa génitrice étaient on ne peut plus simple:

1) Ne jamais rien faire qui ne soit motivé par une finalité purement vénale.
2 ) Ne s’encombrer pour la cause, d'aucun scrupule ; la fin justifiant les moyens, fussent-ils les plus vils. 
3 ) Quels que soient les bénéfices engrangés par ces vilénies,  
ne jamais oublier d'en reverser une quote-part des plus généreuses à sa sainte femme de mère.

Vous serez d'accord avec moi : faut pas avoir fait science-po pour comprendre, retenir et appliquer ça.
Et puis crac !... Après quelques années de bons et loyaux services, le grain de sable, le faux-pas, la bévue ! Mademoiselle se pique d’être amoureuse ! 
Pas de son pauvre pigeon de mari, déjà plus qu’à moitié plumé par la voracité de ces deux viragos, mais d’une sorte de gigolo, d’aventurier sans le sou, au sourire carnassier et aux coups de reins redoutables.
Et ça -- notre brave môman le sait de source sûre, sinon d’expérience --, c’est forcément le début des emmerdements !

La maman, la putain et le dindon de la farce.

Puisque nous sommes dans le domaine, encore peu exploré dans nos colonnes, du Camp « made in France », allons donc retrouver notre édifiant duo, incarné à l’ultra-perfection par les irremplaçables Jane Marken et Simone Signoret.
Simone qui d’ailleurs, permettez-moi la parenthèse, pourrait rejoindre le duo de divas cité dans l'introduction, puisque, comme miss Crawford et Davis, elle eut également la faiblesse, d’une maladroite éructation d’utérus, de mettre au monde une abominable sangsue revêche et ingrate, dont nous tairons le nom afin de nous éviter les sanglantes représailles juridiques de Catherine Allégret (flûte, ça m’a échappé !)

Burn witch, burn !

Si je ne vous ferai pas l’injure de vous rappeler l’extraordinaire carrière de « la » Signoret, Jane Marken, un peu oubliée aujourd’hui, affiche un palmarès non moins éblouissant.
Abonnée aux rôles de bonnes grosses femmes un tantinet vulgaires (« Les Enfants du Paradis ») ou d’abominables mégères (« Pot-bouille »), la dame était régulièrement courtisée par les plus brillants metteurs en scène de l’époque.  Renoir, Duvivier, Carné, Guitry, Abel Gance… On dira ce qu’on voudra, sur un CV, ça fait joli !

 Une affiche superbe, pour un film tout 
en excès comme on les aime !


Les deux comédiennes campent ( ! ) ici  les harpies les plus odieuses, infâmes, détestables et amorales que le cinéma français nous ait jamais offertes.
Partons donc découvrir un morceau choisi de ce chef-d’œuvre absolu de l’outrance, de l’excès et de la « pause effrénée », ingrédients indispensables au Camp s’il en est, qu’est ce MANÈGES  de Yves Allégret (le papa de qui-vous-savez, aka "la Méduse", "le Fléau", "Belphégor", etc...)



Quand on voit comment cette petite grue parle à sa mère, on se dit quand même qu'il y a des coups de tisonniers dans les gencives qui se perdent !
Une môman si bien comme il faut, éternellement  pimpante et primesautière !
Et toujours de bonne humeur avec ça. C'est même sa signature maison à Mme Mère, son rire ! Ça vous met tout de suite une touche de distinction et de classe dans les soirées les plus "collets montés", un rire comme ça.
Le doute n'est pas permis : c'est une femme du monde ! (et immonde aussi, oui, je vous l'accorde...)

2 commentaires:

  1. Je suis sûr qu'avec un peu d'entraînement vous pourrez nous refaire ce rire dans vos prochains spectacles...

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  2. ...Je m'y attelle, promis! (mais y'a du boulot!!!)

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